Au cœur de Watermael-Boitsfort se dresse un domaine d’une beauté rare : le château de la Héronnière, aussi appelé château Morel.
Construit dans un style néo-classique et entouré d’un parc paysager de plus de cinq hectares dessiné en 1905 par l’architecte-paysagiste Jules Buyssens, il figure depuis longtemps à l’inventaire du patrimoine de la Région de Bruxelles-Capitale.
Ce lieu d’exception, à la fois historique et naturel, représente un témoin précieux de l’harmonie entre architecture et paysage. Pourtant, aujourd’hui, ce patrimoine se meurt dans l’indifférence générale.
Selon les informations recueillies, le domaine – pourtant en excellent état lors de sa vente il y a quelques années – serait désormais livré à lui-même.
Le propriétaire actuel ferait preuve d’un désintérêt total pour l’entretien du site. Des vandales y auraient commis d’importantes dégradations, et le château aurait été récemment occupé par des squatteurs, obligeant à murer entièrement l’édifice.
Ce laisser-aller est d’autant plus préoccupant qu’il met en péril un élément majeur du patrimoine architectural et paysager bruxellois.
Le cadre légal est pourtant clair : les propriétaires de biens inscrits à l’inventaire ont une obligation d’entretien, et la Région dispose d’outils de sanction ou d’intervention pour éviter ces dérives.
Je trouve incompréhensible qu’un bien d’une telle valeur puisse être laissé dans un état de délabrement avancé sans réaction des pouvoirs publics.
Cette situation illustre une faille profonde dans la protection effective du patrimoine privé à Bruxelles, où certains propriétaires spéculent sur la dégradation d’un bien pour en tirer profit à long terme.
Face à cette dérive, j’ai interpellé la Secrétaire d’État au Patrimoine sur plusieurs points cruciaux :
Confirmer l’état réel du château et les actes de vandalisme constatés ;
Préciser si une procédure de classement est envisagée ;
Vérifier les obligations légales du propriétaire et les éventuelles mises en demeure déjà émises ;
Identifier les contrôles réalisés par l’administration régionale ;
Examiner les mesures de sanction ou d’accompagnement que la Région peut mobiliser ;
Évaluer la coordination avec la commune de Watermael-Boitsfort pour agir efficacement ;
Et enfin, réfléchir à des outils de veille patrimoniale pour éviter que d’autres joyaux ne connaissent le même sort.
La Région doit réagir avec fermeté.
Nous ne pouvons pas accepter que des propriétaires négligents ou spéculateurs mettent en péril des pans entiers de notre mémoire collective.
Préserver un patrimoine, ce n’est pas figer le passé, c’est protéger une identité, une beauté, une âme urbaine.
Le château de la Héronnière mérite mieux que l’oubli et les palissades.
📍 Bruxelles, le 16 juin 2025
Geoffroy Coomans de Brachène
Député bruxellois – Urbanisme, Patrimoine et Architecture
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