Bruxelles regorge d’infrastructures oubliées qui ont pourtant joué un rôle essentiel dans son développement urbain et industriel. C’est le cas du Pont Albert et de la Rampe du Lion, nichés entre les voies de la gare de Schaerbeek, l’avenue de Vilvorde et le quartier de Neder-over-Heembeek. Méconnus du grand public, ces ouvrages constituent pourtant un témoin rare de l’histoire ferroviaire de notre ville, tout en étant un maillon stratégique du maillage urbain nord.
Construit au début du XXe siècle et modifié dans l’entre-deux-guerres, le Pont Albert affiche une architecture industrielle typique mêlant arches en béton et courbes complexes. Il dessert plusieurs zones clés : le site de Schaerbeek-Formation, les installations portuaires, les abords de l’incinérateur, et relie des quartiers longtemps délaissés.
Malgré son inscription à l’inventaire du patrimoine architectural, Infrabel souhaite démolir l’ouvrage pour le remplacer par un nouveau pont plus adapté aux besoins actuels (bus, trams, cyclistes, piétons). Ce projet de démolition a provoqué une vive opposition de la Commission Royale des Monuments et Sites (CRMS), qui plaide pour sa restauration et a même déposé une demande de classement afin de le protéger.
Ce dossier soulève des questions fondamentales :
Peut-on concilier restauration patrimoniale et mobilité moderne ?
Le nord de Bruxelles, longtemps enclavé, peut-il enfin bénéficier d’une vision cohérente et ambitieuse ?
Quel avenir pour cet ouvrage singulier : destruction, reconversion, ou revalorisation douce ?
Il est temps d’ouvrir un débat clair, public et documenté sur les alternatives existantes. Par exemple, dans l’hypothèse d’un classement, l’affectation du pont à la seule mobilité douce (piétons, cyclistes) a-t-elle été étudiée ? Quelles en seraient les implications techniques et budgétaires ? Et comment ce pont pourrait-il devenir un symbole de reconquête urbaine plutôt qu’un simple vestige à effacer ?
En tant que député bruxellois, j’ai interrogé la Ministre de la Mobilité Elke Van den Brandt et la Secrétaire d’État à l’Urbanisme Ans Persoons sur l’état réel du dossier :
Quelle est la position du Gouvernement régional ?
Où en est la procédure de classement ?
Des négociations sont-elles en cours entre Infrabel, Urban.brussels, la CRMS et Bruxelles Mobilité ?
Une concertation avec les communes et les citoyens est-elle prévue ?
Enfin, ce projet s’inscrit-il dans une vision globale pour le nord de Bruxelles ? Une cohérence est-elle envisagée entre ce pont, les abords du canal, le site de Schaerbeek-Formation et les grands projets d’aménagement du boulevard industriel ?
Le Pont Albert ne mérite pas un effacement hâtif. Il est à la croisée des enjeux patrimoniaux, de mobilité durable et de cohésion urbaine. Dans un moment où la Région bruxelloise veut promouvoir un urbanisme plus respectueux, plus circulaire, et plus attentif à la mémoire des lieux, cette infrastructure pourrait devenir un exemple emblématique de réhabilitation audacieuse.
Restaurer, réaffecter, relier. Voilà peut-être la plus belle destination pour ce pont du passé, tourné vers l’avenir.
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